.

Et ainsi boire une bière mais seul
L’autre n’est plus là le frère
Sous les tilleuls

Place d’Alliance buissonnière
De toi, Jeanne d’Arc au cimetière
Tu manques à ces rues

Tu me manques chaque jour
Pourtant je continue
Dans nos faubourgs.

.

L'heure est aux arrêts
là-haut dans la montagne
les nuages ont blanchi
 
je ne vois que l'hiver
immobile et ton âme
A des soucis
 
Voici les temps incertains
Des gâteaux qu'on entame
Sans appétit

.

J’ai jeté dans la mare
Des idées de travers
Au hasard

Gratté dessous la terre
Cannelée d’éphémères
Amours

Et le vent s’est levé
Emportant les beaux jours
Les années

.

Mon père s’en est allé hier,
Ses cendres bientôt rougiront
C’est l’hiver,

Dans mon cœur ; mais là-bas au fond
Des forêts, au cœur des cantons
Et des villes,

Rien n’a changé, tout est normal
Volatiles aux chants volubiles
Heures égales.

 

Train

Je veux plus qu'un paquet de merde
Plus qu'un point d'interrogation
Un peu d'herbe

Des filles comme seul horizon
des filles, des filles, un garçon
Ou l'inverse

Ne plus vieillir sur ce chemin
Prendre des chemins de traverse
Et des trains

.

Dans les yeux, des filaments
Comme des routes
Naviguent dans les courants

Plus jamais je ne verrai
Le ciel bleu
La lumière d'un été

Juste un filet qui retient
Des perles noires
Dans des yeux bruns.

.

Elle, s’inquiète de mes rhumes
Quand d’autre aurait pu me tuer
Nous fûmes

Un mur, rouge, où elle jetait 
De pauvres chants hallucinés
Nous étions

Deux ombres, l’une aimait le ciel
L’autre n’avait pour horizon
Qu’elle.

Champignons

Nous allions entre quelques plombs
Aux pieds des arbres pour cueillir
Des champignons,

Et sous les chênes sans mollir
Des cèpes venaient s'endormir
Dans un panier,

Parfois sous les feuilles isabelle
Une ou deux trompettes endeuillées
Faisaient les belles.

.

Partir, fuir, s'enfuir, s'en aller
Baguenauder sur le chemin noir
Et vous laisser

Passer derrière les miroirs
Tout oublier même l'espoir
Même toi

Suivre la tempête et l'hiver
Ne plus reconnaitre mes pas
Sous la poussière.

Hiver

Si je dois partir un matin
La belle affaire, mes affaires
Dans un coin,

Sont prêtes. Je dirai "c'est l'hiver"
Mes cendres iront dans le ciel clair
Faire un tour,

Juste sur ma table un poème
Deux, trois regrets, deux, trois amours
Un "je t'aime".

Baisers de nuit

Cet écrin qui ne voulait pas
Donner à voir ses bijoux
Et sa voix

Brumeuse aux rocailles matou
Visage unique dans le flou
Des matins

Une bouche encore endormie
Rôde sur de noirs chemins
Baisers de nuit.

Œuf

J'ai pondu chaque jour des œufs
Aux quatre vents, au quart de tour
Des œufs blancs

Des œufs verts et de basse-cour
des œufs qu'on sème par amour
que l'on bat

Des œufs louches qui font le mur
Des œufs de Pâques en chocolat
Des œufs durs.

Filandières

Laissons ces vilaines heures
Ces cœurs de glaise
Malheur
Ces tristes filandières
Ces cœurs de pierre
Dehors
Derrière leur paravent
Le regard des passants
Encore.

Les vieux

Quand on est vieux, quand on est vieux
On n'est plus rien, plus rien du tout
Ou bien si peu

Sur la table c'est tout au bout
Qu'on installe les vieux fous
Puis un beau jour

D'autres vieux fous prennent la place
Où l'on ne parle plus d'amour/ Les jours s'en vont, j'attends mon tour
Et l'on s'efface./ que tout s'efface.

Temps

Le temps déroule, on a le temps
Tellement de temps qu'on ne fait rien
De ses vingt ans

On se retourne un peu chagrin
Des pas sur des pas. Un matin
On est vieux

La maison qu'on aimait aussi
Et cette femme si jolie
sous d'autres cieux.

Rues

Les champs rouges mélancoliques
Ô coquelicot tout s'efface
Tellement vite

Les sourires et les amours passent
Même les rues sont des impasses
Je t'ai vue

Tu te promenais l'air serein
Aux épaules d'un inconnu
Comme un refrain.

Couvre-feu

Nos rues seront comme nos jours
Tristes et noires comme nos nuits
Et nos amours

Du couvre-feu au couvre-lit
On aimera à la folie
Presque personne

Le vent déposera les feuilles
De cet interminable automne
Sur des cercueils.

This morning

This morning we were a little bit in love
While the roofs were white
And windy

In the fog outside I hear
Crazy Leaves and Children
And the years

While the roofs were white
This morning we loved each other
Same as before.

MERCI

Tous ceux qu'on ne regarde pas
Petites mains et petits pieds
Les sans voix,

Ceux qui sauvent sans rechigner
Ceux qui risquent sans calculer
Les sans masques,

Les sans grades qui pour la vie
Meurent chaque jour dans la bourrasque
Merci.

PAUSE ?

Qui, confiné, un reflet triste
Des matins dorés, sucrés
Autre piste

Mais pas de pluie, pas de fée
Pas de gris, pas de salé
Pas de pas

Des chemins sur pas grand chose
Quelques bougres, quelques chats
Une pause ?

100

Derrière la vitre un masque
Triste comme un clown d’avril
Mais sans Pâques

Fixe un soleil inutile
Quelques oiseaux volubiles
Sous les toits

Chantent un sinistre printemps
Les filles n’ont plus de voix
J’ai cent ans.

VIRUS

Ai-je rêvé, un oiseau danse
Toutes ces rues inachevées
Silence

Des pavés blancs qu’on a figés
Des passantes qui sont passées
Futur

Ecoutez ce triste angélus
Et le silence des voitures
Virus.

 

TILT

Ce sont des rues vides de sens
Absence des pas et des passes
Silence

Ce n’est plus tout à fait mars
Juste un linceul qui nous embrasse
Soleil

Indécent derrière les vitres
On entend sonner les mails
Tilt…

Tour

Mes amis vous alliez
Vous jeter dans ses bras
Dans ses pieds

Mais au matin parfois
La brume sur les toits
Sur les quais

Sautait arches et ponts
Tour et mariées
Et moutons

Fonge

Hier, j’ai rompu enfin
Hier tout est remonté
Enfin

Les cris, l’égoïsme, l’acier
Les chants dans les escaliers
Inquiétants

La folie et les mensonges
Un téléphone branlant
Fonge.

 

Automne

 

Nous passions, jouant pour rien,
Les heures infinies et les jours
Sans fin

Murmures, un arbre au petit jour
Mirabelles dans les faubourgs
Automne

Quelques amours mais plus d'ivresse
Depuis longtemps, elle grisonne
Ma jeunesse.

Dimanche pluvieux.

Au fil des mots perdu les mots
Perdu le fil de tes pensées
de tes maux

Perdu le fil qui nous liait
perdu le fil entremêlé
Fil ténu

Perdu, il pleuvait sur Paname
La pluie et nos pas perdus
Quelques rames.

 

Brume

je songe il est tard ton chemin
noir ourlé des ors de l'automne
assassin

tandis que les adieux sonnent
même pas un refrain en somme
as-tu peur

ce qui reste à peine l’écume
de ta vie
dans la brume

 

Migrants

Là-bas cette rumeur qui gronde
Derrière ces murs, je l’entends
Cette fronde

Ceux qui n’ont rien viennent au printemps
Après la mer, les océans
Notre honte

Dans les villes aux nuits agitées
Entendez le cri des damnés
Qui monte.